En 1907, en France comme en Grande Bretagne, la société est très différente de la nôtre. Les femmes par exemple n’ont pas le droit de vote. Les différents milieux sociaux ne se mélangent pas et fonctionnent par castes…
Un jeune héros, Robert Stevenson Baden Powell revient en Angleterre après avoir vaincu à Mafeking 10 000 Boers à 1 contre 10. Son imagination, ses dons de comédien et d’imitateur lui ont servit aussi bien pour tromper l’adversaire que pour soutenir le moral des assiégés.
Des boîtes de biscuits embouties servant de réflecteur à des lampes à acétylène font penser aux Boers que la garnison dispose de projecteur et peut ainsi faire face à des assauts nocturnes. Les assiégés n’étant que 1 000, B.P. réunit de jeunes garçons, leur donne un uniforme, et leur confie des responsabilités : porter des messages, faire sentinelle, etc. B.P. remarqua combien ces garçons avaient pris leur mission à cœur et cette expérience devait beaucoup contribuer à lui suggérer plus tard la création du mouvement scout.
Chargé de la formation de jeunes recrues, B.P. organise l’entraînement sous forme de jeux et le soir tous faisaient un bivouac ou une veillée. Il les groupe en patrouille, leur apprends à suivre des pistes, à se tenir cachés, à faire des croquis, à prendre des responsabilités. Il expose ses idées dans un livre « Aids to scouting ».
Les jeunes anglais dont B.P. est le héros, lisent ce livre et le mettent en pratique en organisant des camps dans les bois. B.P. décide de faire une expérience. Du 15 juillet au 9 août 1907, 20 garçons campent avec lui dans l’île de Brownsea. C’est le 1er camp scout. Cet essai paraît positif et B.P. écrit à la suite de ce camp : « Scouting for boys ».
Le scoutisme se développe alors à une vitesse fulgurante : déjà 60 000 scouts en Angleterre à la fin de 1908 !
En France, c’est en octobre 1910 que la première troupe d’éclaireurs est créée rue de l’Avre à Paris par le pasteur Gallienne. En 1911 sont créés une troupe d’éclaireurs unionistes à Boulogne et à Épinal et les éclaireurs de France sont officiellement créés par le Baron Pierre de Coubertin (fondateur des jeux olympiques). A la même époque des scouts catholiques se créent à Nice sous le nom d’éclaireurs des Alpes. En 1913 premier rassemblement international à Birmingham : une douzaine de pays sont représentés. Les filles demandent à réaliser les mêmes activités que les garçons. Lady P.P. créera les guides. Des filles se rendent dans la nature pour camper. L’idée est révolutionnaire !
Dès 1910, les scouts naviguent… Ils fonderont, parallèlement aux Glénan les premières formations à la voile à l’issue de la guerre.
C’est en 1920 que le père Sevin et le chanoine Cornette fondent les Scouts de France. Ils s’étaient rendus en Angleterre dès 1910 pour se former. C’est le général Maud’huy qui devenait le premier chef scout.
Du 30 juillet au 7 août 1920 se déroule le premier jamboree mondial à Londres.
En 1921, le 14 janvier, les éclaireurs unionistes obtiennent la médaille de vermeil de la reconnaissance française pour service à la nation.
1922 congrès international du scoutisme à Paris à la Sorbonne et création de l’ancêtre de OMMS (organisation Mondiale du Mouvement scout.
Après le général Maud’huy, c’est au tour du général de Salins de devenir chef scout en 1922. il le restera jusqu’en 1936. On comprendra aisément que l’on ait pu reprocher au scoutisme un certain aspect militaire…Le scoutisme comportera au cours de son évolution différents mythes porteur. En France, sous l’influence de Paul Coze qui a été à l’origine du scoutisme en France avec le P. Sevin, et qui en deviendra le commissaire général , c’est le mythe des « peaux rouges » qui dominera quelque temps. La pratique des « totems » survivra très longtemps.
C’est à Jean Duriez Maury, avocat au Conseil d’État et à la Cour de Cassation que l’on doit la création en 1922 des louveteaux, branche cadette du mouvement pour les jeunes de 8 à 12 ans.
1923 création de la première patrouille d’éclaireur israélites par Robert Gamzon et création des Guides de France par Albertine Duhamel.
Du 31 mars au 9 avril 1923 a lieu le premier camp école à Chamarande dans l’Essonne sous l’impulsion du Père Sevin et la revue « Le Chef » voie le jour. B.P. accordait toute son attention aux camps école car le scoutisme ne vaut que par la valeur de ses cadres et la formation était son principal souci. Ce fut aussi celui du père Sevin et c’est encore parfaitement d’actualité …
En 1924 est créée « La route », branche aînée du scoutisme, que l’on appelle maintenant « compagnons », pour les jeunes de 17 à 20 ans.
Dès lors, le scoutisme allait former des milliers et des milliers de jeunes. Certains accompliront des exploits tel que Guy de Larigaudie qui fut routier dès l’origine et qui a réalisé la première liaison automobile Paris Saïgon par le delta du Gange. Parti le 7 août 1937 du Jamboree de Hollande, il atteignait Saïgon le 7 mars 1938 …
C’est alors la seconde guerre mondiale. 120 chefs ou routiers sont morts pour la France. Tous les scouts, fraternellement confondus, assurent jour et nuit le service en gare, secourant les réfugiés, évacuant les blessés sous les bombes. Ils font la moisson, les vendanges,…
Michel Rigal, sous-lieutenant prisonnier en Allemagne parle dans son Oflag des méthodes du scoutisme, anime activités et réflexions. Pendant ses 5 années de captivités, il reçoit 350 Promesses d’adultes. Il sera commissaire général des Scouts de 1953 à 1970. Dans les camps de la mort des scouts comme Marcel Callo (béatifié en 1987) ou madame Michelin sont effarés par la cruauté inouïe des gardiens si loin de leur idéal scout.
Le scoutisme est interdit en France par l’occupant. De nombreux scouts sont engagés dans la résistance.
Le 23 avril 1945 une manifestation grandiose voit défiler 40 00 scouts et guides, jaillis de la clandestinité, éblouis de se compter si nombreux sur la place de la Concorde à Paris.
Le scoutisme renaît.
Le célèbre jamboree de Moissons, dans les Yvelines, dit « jamboree de la paix » a lieu en 1947. C’est le seul Jamboree international qui a eu lieu en France. 24152 scouts sont présents. E fut une fête extraordinaire, rassemblant des scouts de nombreux pays, ennemis d’hier, de religions différentes, autour d’un même feu. « C’est un point de départ, le premier geste par lequel le mouvement scout démontre qu’il peut contribuer à l’édification d’un monde fraternel et qu’il est décidé à le faire » (Charles Cellier revue Chef sept-Oct. 1947)
Après la guerre, des chefs et des cheftaines, des guides aînées et des routiers se préoccupent du sort des enfants des rues préfigurant ainsi les équipes de prévention. Tous partent du principe positif de Baden Powell : « en tout individu, il y a au moins 5 % de bon à faire fructifier ».
Ce sera dès lors une préoccupation majeure des instances nationales du scoutisme.
Les mouvements de scoutisme ont ainsi répondu aux appels nouveaux de la société, les jeunes responsables y ont trouvé l’engagement dans des tâches utiles et parfois une profession. Les mouvements de scoutisme y ont gagné en crédibilité, leur pédagogie s’est ouverte et leur formation s’est adressée à des publics différents.
En 1957, du 1er au 13 Août, un jamboree international en Angleterre commémore le 100ème anniversaire de la naissance de Baden Powell et le 50ème anniversaire de la création du scoutisme. Plus de 30 000 scouts de plus de 80 pays y participent.
Pour les Scouts de France 1964 voit le lancement officiel des Rangers (revenus au nom de « scouts » plus tard) et des pionniers. La branche « éclaireur » est ainsi divisée en 2 : 12-14 ans pour les Rangers/scouts (chemise bleue) et 14-17 ans pour les pionniers (chemise rouge).
Les mouvements évoluent : toujours en 1964 : fusion Éclaireurs de France et des sections neutres de la Fédération Françaises des Éclaireuses. La section Israélite rejoint les Éclaireurs Israélites.
En 1970 : fusion des Éclaireurs Unionistes de France avec la fédération Françaises des Éclaireuses Unionistes … (de confession protestante)
1991 voit la création des Scouts Musulmans de France.
Il faudra attendre 2004 pour voir la fusion des Scouts de France et des Guides de France (de confession catholique).
Actuellement on estime à 280 millions le nombre de garçons et de filles qui ont été formés par le scoutisme. Il existe dans presque tous les pays du monde. En Russie, et dans les pays satellites il était interdit mais a été autorisé dans les années 1980 et on s’est aperçu que des groupes clandestins fonctionnaient…
Auteur : Paul Cacheux.
Date de création : 18/09/2007 @ 00:36
Dernière modification : 19/09/2007 @ 23:11
Catégorie : Histoire du Scoutisme
Page lue 1166 fois
Prévisualiser la page
Imprimer la page
Envoyer cet article à un ami
|